Nous les avons pendant trop longtemps laissés de côté : les plantes. Pourtant elles nous ont prouvés qu’elles savaient communiquer, qu’elles étaient capables de ressentir des émotions, d’aide envers ses congénères et donc d’avoir une intelligence autre que la nôtre. C’est ce sur quoi Emmanuele Coccia s’appuie dans « la vie des plantes ». Cet ouvrage récent de ce maître de conférences à l’EHESS (l’Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales).
Possédant à la base une formation biologique et agronomique, il a ensuite quitté ce domaine pour la philosophie, E. Coccia considère que cette approche biologique à nourrit et démarqué son approche. Cet ouvrage philosophique ne manquera pas d’apporter de nombreuses clefs d’analyse et de compréhension face à l’actualité écologique présentes. Le but de cet ouvrage est de se demander qu’est-ce que le monde ? Qu’est-ce qu’une plante et comment elle vie ? Nous sommes tous concernés par ces questions, contrairement à certains philosophes qui pensent que lorsque l’on s’interroge en philosophie, il est question d’attester l’humain et non pas le végétal.
L’atmosphère est le souffle vital qui anime la Terre dans sa totalité
" La vie des plantes – Une métaphysique des mélanges ", édition Payot & Rivage, Paris, 2016 / Emmanuele Coccia
L’origine de notre monde est à la base de la transformation de l’atmosphère
" La vie des plantes – Une métaphysique des mélanges ", édition Payot & Rivage, Paris, 2016 / Emmanuele Coccia
Si l’on veut comparer la fleur – au-delà du rapport sexuel – à un organe animal, écrivait Lorenz Oken* dans son monumental Manuel de philosophie naturelle, ce n’est qu’avec l’organe nerveux le plus important qu’on peut le faire. La fleur est le cerveau des plantes, le correspondant de la lumière, qui reste ici sur le plan du sexe. On peut dire que ce qui est sexe dans la plante est pour l’animal cerveau, ou que le cerveau est le sexe de l’animal.
La connaissance de la forme - d’un objet, d’une plante, d’un animal - donne accès à beaucoup plus d’information essentielles qu’une investigation analytique dans un domaine quantifiable quel qu’il soit. En face d’une plante, j’en apprends davantage en observant sa forme qu’en dosant ses alcaloïdes, ou qu’en faisant le bilan de sa nutrition minérale, ou qu’en séquençant ses nucléotides, ou qu’en mesurant les différents facteurs microclimatiques qui l’entourent, ou qu’en dénombrant les gènes homéotiques qui contrôlent la structure de ses fleurs, ou… »
Ce livre entend rouvrir la question du monde à partir de la vie des plantes. Le faire signifie renouer avec une tradition ancienne. Ce que, de manière plus ou moins arbitraire, nous appelons philosophie est né et se comprenait, à l’origine, comme une interrogation sur la nature du monde, comme un discours sur la physique ou le cosmos.
P31 " La vie des plantes – Une métaphysique des mélanges ", édition Payot & Rivage, Paris, 2016 / Emmanuele Coccia
Ainsi la philosophie se rapproche du domaine scientifique.
Les premiers à coloniser et à rendre la terre habitable ont été les organismes capables de photosynthèse : les premiers vivants intégralement terrestres sont les plus transformateurs de l’atmosphère. Inversement, la photosynthèse est un grand laboratoire atmosphérique dans lequel l’énergie solaire est transformée en matière vivante. » Le monde est donc « un jardin avant d’être un zoo
P53 " La vie des plantes – Une métaphysique des mélanges ", édition Payot & Rivage, Paris, 2016 / Emmanuele Coccia
Cyanobactéries => Champignons => Plantes => Animaux => Humains
Nous passons notre temps à oublier, oublier que nous vivons sur une planète limitée à laquelle nous appliquons un principe illimité, ce qui accélère le processus d’épuisement des ressources et d’accroissement des inégalités structurelles, source de mécontentement, frustrations et de conflits. L’observation de l’espace nous a permis de constater que nous étions consignés et confinés sur notre petite planète sans aucun autre recours ou autre alternative que d’y instaurer la convivialité et le partage si nous voulons survivre. Or ce que nous avons trouvé de mieux à faire, c’est le choix de l’antagonisme comme principe de vie.
* RABHI Pierre, La part du colibri : l’espèce humaine face à son devenir, paris, 2006 (P16)